Avant l'arrivée
des Khmers Rouges, il n'y avait pas un
hameau, pas un lieu-dit où ne soit installé un chinois, maître
économique de toute la population...
Depuis des siècles s'opère une
sinisation lente et inexorable de toute l’Asie du sud-est.
Dès le
XVIIIème siècle, Phnom Penh était marquée par la présence,
essentiellement commerçante, des chinois.
Ceux- ci, en pratiquant le
crédit à des taux invraisemblables (500 % sur six mois),
arrivaient à
faire son esclave
du Cambodgien.
Ceci étant, par leurs
compétences et
leur savoir-faire, les chinois ont su se rendre des rouages
indispensables au commerce et à la bonne marche économique
du pays.
Le Protectorat français
avantagea outrageusement l'ethnie chinoise, au
point de faire du Cambodge, sur le plan économique, une colonie
chinoise.
Il leur accorda, de façon implicite, un statut spécial et
il n'en fallu
pas plus pour inciter une population à revendiquer son appartenance
à
des origines chinoises, même après de nombreux métissages et plusieurs
générations.
Les chinois représentaient une population d'environ 150 000 individus
au début du siècle.
Les chinois
(avec leur organisation en
congrégations indépendantes) constituent actuellement un Etat dans
l'Etat cambodgien, avec toutes les dérives d’une classe
privilégiée et
parfois corrompue, au détriment de l'indigène.
Les Chams
musulmans
Les chams
sont musulmans, sunnites de l'école
chafiite, et relèvent des "Khmers-islam " tout comme les malais du
Cambodge.
En 1997 le
Cambodge comptait près d'un demi-million de
musulmans et quelques 260 mosquées, toute offertes par la communauté
islamique étrangère.
Musulmans et bouddhistes ne se
mélangent pas et
vivent dans des quartiers ou des villages distincts.
Descendants du
royaume Champa, contemporain du royaume d’Angkor, les
chams viennent du
centre du Vietnam, dans l'Annam.
Arrivés au Cambodge il y
a trois siècles, convertis à l’islam aux
contacts de population malaises et javanaises, les Chams pendant
longtemps ne se sont pas mariés avec des Khmers.
Bien que peu nombreux,
les Chams ont toujours joué
un rôle important dans la politique
intérieure du Royaume et ont toujours été des alliés fidèles de la
royauté, obtenant ainsi titres et privilèges non
négligeables.
Les derniers Chams
survivants des Khmers rouges (plus de la moitié de
leur population fut anéantie) coulent enfin des jours tranquilles au
nord de Phnom Penh
et dans la région de Kompong
Cham.
Physiquement plus
fins, moins foncés, moins grands et de visage plus allongé
que les
Khmers, ils diffèrent nettement de tous les autres Cambodgiens.
Certains groupes de Chams sont
des nomades qui vivent sur le Mékong.
Tous les ans, en saison sèche ils se regroupent en campements pour une
durée d'environ deux mois.
Ils profitent alors du
bas niveau du fleuve
qui laisse de larges berges inoccupées pour s'installer sur les rives.
Dans le même temps, les eaux basses favorisant la concentration de
poisson, ils en capturent de grandes quantités
qu'ils font sécher ou
qu'ils revendent pour se procurer un minimum d'objets de première
nécessité.
Les populations
proto-indochinoises
Il existe au Cambodge
des populations arriérées, cantonnées
dans les montagnes ou les forêts, dont le niveau culturel est assez
semblable.
En effet, du point de vue ethnologique, on constate une certaine unité:
- l'organisation est
tribale, souvent limitée à un village.
-
l'alimentation est basée sur la chasse, la pêche et la
cueillette,
ainsi que sur une piètre culture du riz de
montagne, sans irrigation,
sur brulis ou par essartage.
- Ils parlent des dialectes
différents d'une tribu à l'autre, mais de
plus, ceux-ci se rattachent à des
familles linguistiques diverses
(l'austro-asiatique et
l’austronésien) ce qui semble traduire des
influences étrangères.
- Ils pratiquent l’animisme,
et pour les plus "khmérisés", le
bouddhisme
Theravada.
On les désigne officiellement sous le nom de Khmers-leu (ou
Khmers de
la montagne), et, pour celles qui ne le sont pas encore, les autorités
essaient de les intégrer
à la culture et vie sociale khmère.
On
peut ainsi distinguer:
- Les
ethnies du nord-ouest:
Ce sont les Samrês
(" tatoués") qui, avec les Pears, sont les
véritables primitifs Proto-Indochinois du Cambodge.
Ce groupe ethnique
est à la fois voisin et distant des Khmers.
On trouverait encore des Samrês au nord de Siem Reap, au pied des Monts
Koulen.
Ils semblent s'être fondus dans le peuple et la culture khmère et avoir
perdu leur dialecte particulier.
- Les
ethnies de l’ouest:
Ce sont les Pears,
qui comprennent deux groupes, l'un à l'ouest, entre
Pailin et Kranhung, l'autre à l'est, sur le versant septentrional des
Cardamones.
Leur nom signifierait "homme de couleur".
La tradition, confirmée par l'analyse anthropologique, en fait des
descendants de Samrês, originaires des environs d'Angkor.
Eux aussi sont bien intégrés à la culture khmère.
- Les
ethnies du nord:
Ce sont les Kouys,
terme qui signifierait "hommes libres".
Ils
habitent un triangle situé au nord de Kompong Thom et débordent sur la
frontière thaïlandaise.
Physiquement, les Kouys ressemblent beaucoup aux Khmers, avec des
traits légèrement plus fins et moins mongoliques.
Leur niveau culturel
a longtemps été le plus avancé des autres ethnies primitives et sont
aujourd’hui complètement intégré.
- Les
ethnies du nord-est:
Plusieurs groupes
vivent dans cette région restée longtemps isolée et
difficilement accessible.
- les
Kravet, qui débordent sur le Laos au nord et seraient
racialement
à part, sans
doute proches des Khas du Laos.
- les
Braos, habitant la
zone frontalière Cambodge-Laos-Vietnam.
On les trouve à Stung-Treng et
dans le Ratanakiri.
Anthropologiquement ils sont très près
des Pears et
des Samrès, donc des Khmers.
- les
Tampuans, groupés autour de la ville
de Bakéo.
- les
Stiengs, qui vivent de part et d'autre de la frontière
Cambodge-Vietnam.
- les
Jaraï, localisé également non loin de la frontière avec le
Vietnam.
Ils ont subi une nette influence des
Chams historiques, mais
ont su
conserver presque intacte leurs
traditions et culture.